Bonjour les veilleurs,
Je vous écris en direct de Serbie, où je suis enfin arrivée après un long périple. 1800km de voiture, ça use les souliers de la bagnole.
Je suis venue pour des raisons familiales mais aussi pour continuer la réhabilitation de notre vieille bâtisse qui a été détruite suite à des inondations il y a des années.
Coucou :
En arrivant ici, il y a un rituel auquel on ne déroge jamais : changer la monnaie.
La monnaie serbe est le dinar serbe.
Beaucoup sont surpris qu’il y ait aussi le “dinar” en Serbie, mais pourtant cela est parfaitement logique.
Le mot dinar vient directement du “denarius”, une monnaie romaine en argent qui circulait dans tout l’Empire à partir du IIIe siècle avant notre ère.
Et ce n’est pas un hasard si ce mot est resté dans le vocabulaire : la Serbie faisait partie intégrante de l’Empire romain. Il suffit d’arpenter le pays pour tomber sur des vestiges de thermes, d’aqueducs ou de mosaïques antiques.
D’ailleurs, l’un des empereurs romains les plus célèbres est né à Niš, dans le sud du pays : Constantin le Grand. Ce n’est pas un hasard si l’aéroport de cette ville lui rend hommage en portant son nom !
Après la chute de Rome, la région a été intégrée à l’Empire byzantin, puis plus tard à l’Empire ottoman, où d'autres formes de monnaies ont cohabité (comme le akçe ou le kurush), mais le mot dinar a survécu, comme un écho de cette longue mémoire monétaire.
Vous le savez, la finance, et en particulier la monnaie, est une véritable passion pour moi.
Pas parce que je collectionne les pièces rares, mais parce que je cherche à comprendre comment les choses fonctionnent, en profondeur.
Je suis fascinée par les mécanismes invisibles qui régissent notre quotidien, et la monnaie fait partie de ces grands mystères. Pas parce qu’elle brille, mais parce qu’elle est entourée de flou, d’approximations… voire d’un certain secret bien entretenu.
Ce flou n’est pas fortuit : c’est le fruit d’un manque d’éducation financière savamment orchestré, jusque dans les définitions du dictionnaire.
Alors aujourd’hui, je vous propose de plonger ensemble dans ce que la monnaie est vraiment.
Les définitions fallacieuses du dictionnaire
Voici ce qu’on retrouve dans le Larousse concernant la définition de la monnaie :
Malheureusement, cette définition est assez partielle.
Je ne suis pas du genre à crier au complot à la moindre occasion.
Je pense plutôt que notre compréhension des choses – et notamment de la monnaie – dépend du moment de l’histoire où l’on se trouve. C’est un sujet qui me parle d’autant plus que j’ai étudié l’histoire jusqu’à Bac+5, avec une spécialisation en histoire militaire.
Et s’il y a bien une chose que ces études m’ont apprise, c’est que ce sont toujours les vainqueurs qui façonnent notre vision du passé — y compris celle de concepts aussi fondamentaux que la monnaie.
Et justement, la vision actuelle de la monnaie est très récente à l’échelle de l’histoire humaine.
La toute première définition proposée par le Larousse renvoie à… des pièces. C’est une erreur conceptuelle : on confond le contenant avec le contenu. C’est littéralement une synecdoque : on prend une partie (les pièces) pour désigner le tout (la monnaie dans son ensemble).
Mais cette confusion a des conséquences : si l’on réduit la monnaie à un objet, on oublie sa véritable nature et sa fonction première.
Et que dire de la deuxième définition ?
“Tout instrument légal ayant les mêmes fonctions.”
Là encore, c’est révélateur.
On réduit la monnaie à un dispositif légal, émis par une autorité, validé par une institution centrale.
Or, cette conception centralisée de la monnaie, contrôlée par des banques centrales, est une construction récente.
Mais comme plus personne ne s’en souvient, et que l’école ne l’explique pas, cette vision moderne est devenue la norme : intégrée dans notre culture, dans notre quotidien, jusque dans les dictionnaires.
Pourtant, pendant des siècles, la situation était bien différente.
Il existait une concurrence naturelle entre différentes monnaies.
Les gens n’avaient pas besoin d’une autorité pour leur dire quoi accepter : ils choisissaient la monnaie qu’ils jugeaient la plus fiable, la plus stable, la plus résistante dans le temps.
Et c’est dans ce contexte libre, sans contrainte légale, que l’or s’est imposé de lui-même.
L'histoire méconnue de la centralisation de la monnaie
Aujourd'hui, tout le monde trouve normal que la monnaie soit gérée par des banques centrales. Que ce soit la BCE, la Fed ou la Banque de France, on n'imagine pas un monde sans ces institutions. Et pourtant, cette situation est relativement récente à l'échelle de l'histoire économique.
Pendant longtemps, il n'y avait pas de banque centrale. Et encore moins de monopole sur la création monétaire. C'était une époque de ce qu'on appelle le "free banking", un système où différentes banques pouvaient émettre leur propre monnaie, souvent indexée sur l'or. Le billet de banque n'était alors qu'une promesse de paiement, à échanger contre un actif tangible. Les populations choisissaient librement la monnaie qui leur inspirait le plus de confiance.
Cette concurrence monétaire, loin du chaos qu'on imagine parfois, permettait une certaine forme de discipline. Une banque émettait trop de billets sans couverture en or ? Sa monnaie se dépréciait, et les clients se tournaient vers une autre banque. Une forme de régulation naturelle, par le marché, et par la confiance.
À partir du XVIIe siècle, tout change. L'État comprend qu'il a tout intérêt à contrôler la monnaie. D'abord pour financer ses dépenses, notamment les guerres, sans avoir à mendier auprès des banques. Ensuite pour imposer une vision politique et centralisée de l'économie. C'est dans ce contexte que naissent les premières banques centrales : la Riksbank en Suède, créée en 1668, puis la Banque d'Angleterre, fondée en 1694.
Par contre, attention : il ne faut pas confondre centralisation du système monétaire et centralisation de la frappe de la monnaie : l’Empire romain frappait ses pièces, mais il n’y avait pas de banque centrale. Ce n’est pas parce qu’on a un monopole sur la frappe qu’on a une politique monétaire centralisée. Ce n’est pas la même chose de frapper une pièce d’or que d’imprimer des billets indexés sur de la dette publique et d’absorber tout le système bancaire autour d’un prêteur en dernier ressort.
En France, c'est Napoléon qui crée la Banque de France en 1802, avec un objectif très clair : financer ses campagnes militaires. Officiellement privée à l'origine, elle devient de fait un outil de l’Etat, avec le monopole d'émission monétaire.
Quand je vous dis que le détournement du rôle de la monnaie est à l’origine de bien des maux, ce n’est pas une figure de style. C’est un sujet crucial : il éclaire les dérives qui nous mènent droit dans le mur — guerres sans fin, surexploitation des ressources, chaos économique…
Bref, en quelques décennies, le tour est joué : l'idée qu'il est "normal" que l'Etat gère la monnaie s'impose dans les mentalités.
Mais cette centralisation a un prix. Quand toutes les banques détiennent les mêmes actifs (obligations d’État) pour accéder au refinancement par la banque centrale, le risque systémique explose : si une banque vend, toutes doivent vendre, ce qui amplifie les crises. Et c'est sans parler de la politisation de la monnaie, puisque la création monétaire devient dépendante des intérêts étatiques.
L’économiste Nathalie Janson le rappelle : cette centralisation n’est pas un aboutissement naturel, mais un choix politique, souvent motivé par le besoin de financer les déficits publics. Et parfois, pour imposer un contrôle accru sur les citoyens voire financer des velléités guerrières…
Monnaie et énergie : la face cachée que personne n'explique
Une fois qu’on a compris l’origine politique des banques centrales et leur rôle dans la manipulation monétaire, il devient indispensable d’aller plus loin.
Car au fond, qu’est-ce que la monnaie ?
C’est une question piège. Les définitions classiques évoquent un "instrument d’échange" ou une "unité de compte". Mais elles évitent soigneusement de poser la question centrale : d’où la monnaie tire-t-elle sa valeur ?
Et là, on touche à un fondamental trop souvent oublié : le lien entre monnaie, travail et énergie.
C’est ce que propose Pierre Noizat dans L’énergie, face cachée de la monnaie, lorsqu’il écrit :
"Nous pouvons redéfinir une monnaie comme une représentation d’une quantité d’énergie : une information sous forme de preuve d’une énergie passée ou promesse d’une énergie future."
Autrement dit, la monnaie, c’est de l’énergie encapsulée dans un vecteur d’échange. Et selon sa nature, elle sera ancrée dans la réalité physique… ou dans la parole d’un pouvoir central.
Prenons un exemple simple : vous fabriquez 5 000 chaussures. Pour cela, vous avez mobilisé du temps humain, des outils (eux-mêmes fruits d’une dépense énergétique) et des matières premières extraites, transportées, transformées. Autrement dit, vous avez transformé de l’énergie en biens tangibles. Ce travail mérite une compensation équivalente, mais il est peu pratique de l’échanger directement contre d'autres biens.
Ça va en effet être compliqué de refourguer 5000 chaussures à votre maraîcher : il n’a que faire de vos 5000 pompes, il n’en n’a besoin que d’une seule paire, voire éventuellement deux !
Il faut un vecteur d’échange — une monnaie — capable de transmettre cette valeur dans le temps et dans l’espace. Car comme vous avez pu le voir, le troc c’est pas très pratique…
Mais toutes les monnaies ne fonctionnent pas de la même manière. Certaines reposent sur une dette, d’autres sur une preuve de travail réel. C’est là qu’apparaît une distinction capitale : celle entre monnaie promesse et monnaie preuve.
Les monnaies fiat, comme l’euro ou le dollar, sont des monnaies promesses. Leur valeur repose sur la confiance accordée à une autorité centrale (un État ou une banque centrale) qui s’engage à maintenir leur stabilité. Mais leur création ne repose sur aucune transformation physique : un simple jeu d’écriture comptable suffit à faire apparaître de la monnaie, que ce soit pour refinancer des dettes publiques ou soutenir les marchés via le quantitative easing. Cette facilité de création favorise la consommation immédiate, l’endettement, et déconnecte progressivement la monnaie de toute réalité physique.
À l’inverse, des monnaies comme l’or ou le Bitcoin sont des monnaies preuves. Leur émission nécessite une dépense d’énergie réelle : extraire de l’or implique de creuser, raffiner, transporter ; miner du Bitcoin exige une dépense électrique et une puissance de calcul mobilisée dans un processus irréversible. On ne peut pas "imprimer" un Bitcoin comme on imprime des billets. Chaque unité créée est la preuve d’un travail accompli et d’une énergie transformée.
Et c’est ce lien avec le réel qui change tout. Lorsque vous échangez votre travail contre de l’or ou du Bitcoin, vous recevez en retour une monnaie qui incarne déjà un effort passé, mesurable, inscrit dans la matière ou l’énergie. Il ne s’agit plus d’un simple jeton symbolique ou d’une promesse abstraite, mais d’une forme de mémoire énergétique. Comme le dit Pierre Noizat :
« Une monnaie est un système d’information permettant de transférer une quantité d’énergie dans le temps et dans l’espace. »
Une monnaie preuve introduit donc une forme de rigueur naturelle dans le système économique. Elle ne peut être créée à volonté, et impose un ancrage dans le réel. Dans un monde aux ressources finies, cela favorise la frugalité, la responsabilité, l’investissement de long terme. À l’inverse, une monnaie promesse, fondée sur une émission illimitée et sans ancrage, pousse au court-termisme, à la fuite en avant, à l’érosion du pouvoir d’achat et à l’accumulation des dettes.
Voilà de quoi répondre à tous ceux qui disent que “Bitcoin ne repose sur rien” ! En réalité, ce sont les monnaies fiduciaires qui ne reposent sur rien de tangible. L’or et Bitcoin, eux, reposent sur une dépense d’énergie réelle, mesurable, irréversible.
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