Bonjour les veilleurs,
Ah, les vacances d'été qui approchent ! Plage, farniente, oubli des tracas administratifs... ☀️
Sauf que dès votre retour, un petit cadeau vous attend dans votre boîte aux lettres : votre avis de taxe foncière.
Pour être précis, cette année l'administration vous enverra ce "cadeau" entre le 25 août et le 19 septembre si vous n'êtes pas mensualisé, ou entre le 22 septembre et le 8 octobre si vous êtes mensualisé.
Autant dire qu'après un été à dépenser sans compter, recevoir une facture de 1000, 2000 ou 3000€ fait toujours plaisir.
Mais avant de subir cette douche froide, laissez-moi vous dire un truc : ce n’est pas une fatalité.
Selon le cabinet d'avocats Berberat, 40% des contribuables seraient mal évalués sur leur taxe foncière. Et le plus dingue ? L'administration fiscale compte sur votre ignorance pour que ça continue.
Mais ici, c’est la veille de votre réussite (fiscale et patrimoniale). Et on va aujourd’hui étudier tous les éléments qui pourraient vous aider à faire baisser votre taxe foncière. C’est parti !
Le coefficient d'entretien : l'arnaque légale dont personne ne parle
Pour comprendre l'ampleur du problème, il faut d'abord comprendre comment est calculée votre taxe foncière.
Contrairement à ce que beaucoup pensent, votre taxe n'est pas calculée sur la valeur réelle de votre bien. Elle se base sur la valeur locative cadastrale (un loyer théorique établi) et revalorisé automatiquement chaque année selon l'inflation.
Cette valeur locative représente le loyer annuel théorique que votre propriété pourrait générer si elle était louée. Sauf que (et c'est là que ça devient rigolo) cette évaluation se base sur les conditions du marché locatif de... 1970 ([impots.gouv.fr](
http://impots.gouv.frhttps
://www.impots.gouv.fr/particulier/questions/quest-ce-quune-valeur-locative-cadastrale)).
Oui, vous avez bien lu. En 2025, votre taxe foncière se calcule encore sur des références d'il y a plus de 50 ans.
Certes, cette base de 1970 est "actualisée" chaque année par un coefficient d'inflation, mais la référence de départ reste celle de 1970.
1970 est en effet une date très importante dans le droit immobilier : c’est l’année où tous les propriétaires ont dû déclarer leurs biens pour permettre la création du fichier immobilier national et fixer les bases locatives cadastrales.
Mais attendez, ça devient encore plus beau.
Pour calculer cette fameuse valeur locative, l'administration applique différents correctifs à la surface de votre bien. Et parmi ces correctifs, il y a le coefficient d'entretien.
Ce coefficient varie de 0,80 (bien en très mauvais état) à 1,20 (bien parfait, sans aucune réparation nécessaire).
Le problème ? Une fois que votre bien est déclaré avec un coefficient de 1,20 (ce qui arrive systématiquement pour les biens neufs), ce coefficient ne bouge plus. Jamais.
Votre appartement acheté neuf en 2010 et qui a vécu 15 ans ? Coefficient 1,20. Votre maison des années 90 qui montre quelques signes de fatigue ? Coefficient 1,20. Votre bien hérité de vos grands-parents, construit en 1970 ? Devinez... Coefficient 1,20.
L'administration qui dort debout
Selon les textes officiels, l'administration devrait réviser annuellement ces coefficients d'entretien. Dans les faits ? Elle ne le fait jamais.
L'article 324 Q du Code général des impôts prévoit pourtant un barème précis :
Coefficient 1,20 : "Bon" - Construction n'ayant besoin d'aucune réparation
Coefficient 1,10 : "Assez bon" - Construction n'ayant besoin que de petites réparations
Coefficient 1,00 : "Passable" - Construction présentant des défauts permanents dus à la vétusté, sans compromettre l'habitabilité
Coefficient 0,90 : "Médiocre" - Construction ayant besoin de réparations d'une certaine importance
Coefficient 0,80 : "Mauvais" - Construction ayant besoin de grosses réparations partout
La réalité sur le terrain ? Des millions de biens conservent leur coefficient de 1,20 pendant des décennies, sans aucune réévaluation.
Et ce n'est pas de la négligence, c'est un choix assumé. Pourquoi l'administration se donnerait-elle la peine de réviser à la baisse des coefficients qui rapportent plus d'impôts ?
Le Bulletin officiel des finances publiques (BOFIP) indique pourtant les critères d'évaluation très précis :
État du gros-œuvre (murs, charpente, escaliers, planchers, balcons)
Couvertures et terrasses
Ravalement des façades
Huisseries extérieures
Parties communes dans les immeubles collectifs
Un simple examen visuel devrait suffire pour porter un jugement sur la plupart de ces points. Mais cet examen n'a lieu que si vous le demandez explicitement.
Pourquoi contester le coefficient plutôt que la catégorie du bien ?
Beaucoup de propriétaires qui découvrent le système pensent d'abord à contester la catégorie de leur bien. C'est une erreur stratégique.
Les locaux d'habitation sont classés en 8 catégories, de la catégorie 1 (grand luxe) à la catégorie 8 (taudis). L'idée serait de faire passer son bien de la catégorie 4 (confortable) à la catégorie 5 (assez confortable), par exemple.
Sauf que cette stratégie présente deux problèmes majeurs :
Premier problème : l'efficacité est limitée. Dans l'immense majorité des cas, changer de catégorie ne fera baisser votre taxe que de moins de 10%.
Deuxième problème : parfois, ça peut même vous coûter plus cher ! Dans certaines communes, les catégories "inférieures" ont paradoxalement des tarifs au m² plus élevés que les catégories "supérieures".
Exemple concret à Montpellier : une maison en catégorie 3 (très confortable) a un tarif de 6,03€/m², inférieur à celui d'une maison de catégorie 4 (confortable) au tarif de 6,72€/m², et même inférieur à celui d'une maison de catégorie 5 (assez confortable) au tarif de 7,22€/m².
Aberrant, mais réel.
À l'inverse, contester le coefficient d'entretien peut vous faire économiser jusqu'à 20% sur votre taxe foncière, avec un dossier souvent plus simple à constituer.
Le calcul de la surface pondérée : un labyrinthe volontairement complexe
Pour comprendre pourquoi le coefficient d'entretien a autant d'impact, il faut comprendre comment l'administration calcule ce qu'elle appelle la "surface pondérée" de votre bien.
C'est un processus en plusieurs étapes :
Mesure de la surface réelle des pièces de votre habitation
Application d'un coefficient d'importance qui dépend de la surface et de la catégorie du local
Application d'un correctif d'ensemble qui comprend quatre sous-catégories :
Le correctif d'entretien (notre fameux coefficient)
Deux correctifs de situation
Un correctif d'ascenseur
Évaluation des équivalences superficielles : ajout de m² théoriques en fonction des éléments de confort
Total : on obtient la surface pondérée à laquelle s'appliquera le tarif au m² du local de référence
Tout ce processus est volontairement opaque et complexe. L'administration mise sur le fait que 99% des propriétaires n'iront jamais vérifier ces calculs.
Et elle a raison : combien de propriétaires connaissent seulement l'existence de cette "surface pondérée" ?
Les enjeux financiers qui donnent le vertige
Les montants en jeu sont considérables.
Passer d'un coefficient de 1,20 à 1,00, c'est 20% de taxe foncière en moins. Sur une taxe de 2000€ par an, ça fait 400€ d'économies. Sur 3000€, on parle de 600€.
Réduire le coefficient de 1,20 à 1,10, c'est encore 10% d'économies.
Multiplié par les millions de biens concernés, on atteint rapidement des milliards d'euros de surtaxation.
Et le plus cynique dans tout ça ? L'administration encaisse des "frais de gestion de la fiscalité locale" sur chaque avis d'imposition... tout en ne gérant justement rien du tout.
Ces frais sont censés couvrir l'examen annuel des bases d'imposition. Sauf qu'en pratique, aucun examen n'a lieu.
C'est du vol légalisé, point barre.
Comment contester (et potentiellement gagner des centaines d'euros)
La bonne nouvelle ? Il existe des recours. Et contrairement à ce qu'on pourrait croire, ils sont plutôt efficaces quand ils sont bien menés.
Première étape : obtenir votre fiche d'évaluation
Avant toute chose, vous devez récupérer le document qui détaille le calcul de votre valeur locative cadastrale. Cette fiche d'évaluation (formulaire 6675) se demande gratuitement au Centre des Impôts Fonciers (CIF) dont dépend votre bien.
Sur ce document figurent tous les éléments du calcul : catégorie de votre bien, local de référence utilisé pour la comparaison, surface pondérée, tarif au m², et surtout... le fameux coefficient d'entretien.
Attention : ces informations ne figurent PAS sur votre avis de taxe foncière classique. Il faut explicitement demander cette fiche d'évaluation.
Deuxième étape : analyser votre coefficient
Si votre bien a plus de 10 ans et conserve un coefficient de 1,20, il y a de fortes chances qu'il soit surévalué.
Regardez objectivement l'état de votre bien :
Y a-t-il des défauts liés à l'usure normale du temps ?
Des petites réparations à prévoir ?
Des éléments qui montrent leur âge sans pour autant compromettre l'habitabilité ?
Si oui, vous n'êtes probablement plus dans la catégorie "bon état" (coefficient 1,20) mais plutôt dans "assez bon" (1,10) voire "passable" (1,00).
Le BOFIP donne des indications précises sur ce qui caractérise un état "passable" : "défauts permanents dus à la vétusté, assez apparents malgré un entretien assuré assez régulièrement, ne compromettent pas les conditions d'habitabilité mais augmentent les difficultés d'entretien pour l'occupant et réduisent l'agrément des locaux (jeu des portes et fenêtres ; planchers dénivelés ; plafonds, murs et cloisons légèrement crevassés, etc.)".
Troisième étape : constituer votre dossier
Ici, il faut être méthodique. La jurisprudence montre que les tribunaux donnent raison aux propriétaires quand ils apportent des preuves concrètes.
Photos des défauts constatés, devis de réparations, éventuellement constat d'huissier pour les cas les plus importants. L'idée n'est pas de dire que votre bien tombe en ruine, mais de démontrer qu'il ne mérite plus le coefficient "parfait" de 1,20.
Le BOFIP précise que "les travaux de menu entretien intérieur (réparations locatives, tapisseries et peintures des appartements, etc.) restent, en principe, sans influence sur la valeur locative". Concentrez-vous donc sur les éléments structurels.
Quatrième étape : respecter les délais
Vous devez contester votre avis de taxe foncière avant le 31 décembre de l'année suivant sa mise en recouvrement. Pour la taxe foncière 2024, vous avez donc jusqu'au 31 décembre 2025.
La réclamation se fait soit par courrier au centre des finances publiques, soit via la messagerie sécurisée sur impots.gouv.fr.
L'administration a ensuite 6 mois pour vous répondre. Si elle refuse ou ne répond pas, vous pouvez saisir le tribunal administratif dans les deux mois suivants.
Les pièges à éviter dans votre argumentation
Attention à ne pas tomber dans certains pièges classiques quand vous constituez votre dossier.
Piège n°1 : se contenter d'un constat d'huissier trop superficiel. La Cour administrative d'appel de Lyon (n°96LY01236) ****a rejeté en 1999 une demande où les propriétaires ne justifient pas en produisant un constat d'huissier mettant seulement en évidence des inconvénients ponctuels, de l'étendue exacte des défectuosités et partant de l'importance des travaux qui seraient nécessaires pour y remédier.
Piège n°2 : confondre vétusté du gros-œuvre et état général. La Cour administrative d'appel de Bordeaux (n°91BX00389) a précisé en 1989 que si une maison présente un certain caractère de vétusté, notamment à l'intérieur, le gros œuvre ne nécessite pas de réparation importante, justifiant le maintien d'un coefficient de 0,90 au lieu de la réduction demandée.
Piège n°3 : ne pas proposer d'alternative au local de référence. Si vous contestez aussi le choix du local de référence utilisé pour la comparaison, vous devez proposer un local de substitution pertinent avec un tarif au m² moins élevé. Cela nécessite une connaissance approfondie du marché immobilier local.
La loi de finances 2014 : un tournant méconnu
Un point important souvent ignoré : la loi de finances pour 2014 a modifié les conditions de mise à jour des valeurs locatives en supprimant le seuil de 10% à partir duquel les changements sont pris en compte.
Avant 2014, il fallait que la modification dépasse 10% de la valeur locative pour qu'elle soit prise en compte. Depuis 2014, ce seuil n'existe plus.
Concrètement, cela signifie que même de petites améliorations ou dégradations peuvent justifier une révision de votre coefficient d'entretien.
Le scandale des tribunaux qui donnent raison... quand on ose les saisir
Le plus révoltant dans cette histoire ? Quand les propriétaires vont jusqu'au bout de la démarche, ils gagnent souvent.
Un arrêt du Conseil d'État du 16 avril 1982 (n° 24357) a ainsi réduit un coefficient de 1,20 à 1,00 en considérant que "la construction présente des défauts permanents dus à la vétusté".
La Cour administrative d'appel de Nantes du 30 septembre 1997 (n° 95NT00701) a validé la réduction d'un coefficient à 0,90 pour des immeubles de 1957 présentant "un enduit extérieur ne remplissant plus son rôle de protection, les parpaings étant apparents sur 85% de la surface des façades exposées" et où "toutes les menuiseries présentent des désordres importants et ne sont pas étanches à l'eau pluviale".
La Cour administrative d'appel de Bordeaux du 25 juin 1992 (n° 91BX00389) a également donné raison au propriétaire : "l'état de la maison de M. X..., qui présente des dégradations de la charpente et de la toiture et des fissures apparentes sur les murs extérieurs, rend nécessaires des réparations d'une certaine importance ; qu'il suit de là qu'il est fondé à soutenir que le coefficient d'entretien de 1,10, qui a été appliqué à la surface comparative pour obtenir la surface pondérée, est excessif ; qu'il y a donc lieu, compte tenu de la nature et de l'importance desdites réparations, de le ramener à 0,90".
Ces décisions de justice prouvent deux choses :
Les surévaluations sont massives et systémiques
Quand on se donne la peine de contester avec un dossier solide, on obtient gain de cause
Mais voilà : 99% des propriétaires ne contestent jamais. Par ignorance, par résignation, ou par peur de l'administration.
Pourquoi si peu de gens sont au courant ?
La réponse tient en un mot : complexité.
Le système fiscal français excelle dans l'art de rendre incompréhensibles des mécanismes qui devraient être transparents.
Prenez la valeur locative cadastrale. Combien de propriétaires savent que leur taxe foncière se base sur des critères de 1970 ? Combien connaissent l'existence du coefficient d'entretien ?
Et quand bien même ils le découvrent, combien ont l'énergie de se lancer dans des démarches administratives pour récupérer quelques centaines d'euros ?
L'administration compte là-dessus. Elle mise sur votre lassitude, votre ignorance, votre résignation.
Pendant ce temps, elle encaisse. Tranquillement.
C'est exactement la même logique qu'avec les erreurs de prélèvement automatique : statistiquement, très peu de gens vont vérifier et contester. Alors pourquoi se gêner ?
L'exemple concret qui fait mal
Pour bien comprendre l'ampleur du problème, prenons un exemple concret.
Imaginez un propriétaire qui a acheté un appartement neuf en 2010. Coefficient d'entretien : 1,20.
Quinze ans plus tard, cet appartement présente logiquement quelques signes d'usure : joints de carrelage à refaire, peintures qui ternissent, petites fissures sur les murs, portes qui ferment moins bien...
Rien de dramatique, mais clairement plus l'état "parfait" justifiant un coefficient de 1,20.
Avec un coefficient ramené à 1,00 (état "passable"), ce propriétaire économiserait 20% sur sa taxe foncière. Sur une taxe de 2500€ par an, ça fait 500€ d'économies.
Mais pour obtenir cette réduction, il doit :
Savoir que ce coefficient existe
Demander sa fiche d'évaluation
Constituer un dossier
Déposer une réclamation
Éventuellement aller jusqu'au tribunal
Combien de propriétaires font cette démarche ? Moins de 1%.
Résultat ? Des millions de biens conservent des coefficients surévalués, générant des milliards d'euros de recettes fiscales.
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À 59€/mois sans engagement, c'est probablement moins que ce que vous pourriez économiser rien qu'en vérifiant votre coefficient d'entretien.
À dimanche prochain les veilleurs ☕ 🥐
Bonjour !
Newsletter très intéressante, mais j'ai une question. Si la rénovation de la maison a déjà été faite, et donc que la maison ne présente plus toutes les traces d'usure et de vetustée qui pourraient faire descendre le coefficient, peut-on quand même prétendre à cette baisse ?